Onglets

mercredi 21 avril 2010

Une frite dans la nuit


A la sortie du lycée, notre groupe d'amis était déterminé à ne pas se séparer. Et pour marquer le coup, nous avons décidé d'adapter un récit complètement loufoque écrit par Ed Wood (l'autre) et qui racontait la formidable aventure de deux agents du Federal Bergueneuse Investigation chargés de résoudre l'enquête sur le vol de la friteuse communal. Leur périple les amènerait à croiser la route d'un tueur de chat aux méthodes singulières: il faisait exploser les chats et leur mettait une frite dans le postérieur pour signer son crime. Un scénario aussi complexe méritait qu'on y mette les moyens. Équipés d'une caméra 8mm, d'un vieux magnéto, de beaucoup d'humour, d'une pile de burgers congelés et de trois jours devant nous, nous avons enchainés les scènes de ce fabuleux court métrage qui marque la fin d'une époque.

C'est un événement qui marque les esprits. Souvent, mes parents demandaient à ce que je montre le film à mes amis, pire, à mes petites amies. Heureusement, il s'en est trouvé une qui n'a pas fuit devant ma tête de l'époque: cheveux en vagues, style bourgeois, lunettes rondes, et intonation efféminées faisaient mon personnage, vêtu d'un joli costume rose et accompagné de divers animaux de la ferme. Ridicule, nous l'étions. Moi le premier, en narrateur, copie ratée de Stephane Bern. De ceux qui ont visionné cette perle rare, j'ai le souvenir de crises de rires, aux larmes. Finalement, c'était un peu le but ! Étrangement, ce film à encore soudé des liens entre nous, et malgré la distance qui nous sépare parfois, on se retrouve régulièrement et on ressent à nouveau ce qui faisait notre groupe de l'époque. Une amitié très forte, comme au premier jour.