On a passé une bonne partie de l'après-midi d'hier dans le « jardin ». En réalité, un champ fraichement nivelé qui ne demande plus qu'à être délimité par un joli grillage commandé samedi. Le soleil frappait fort, la terre était rude et pourtant, Marge et moi étions là, à planter des piquets de bois le long d'un cordeau tendu, pour montrer à notre futur voisin que son terrain commençait là où le notre s'arrêtait, et qu'aucun engin de chantier ne devait rouler là où nous venions de faire nos travaux.
Donc, armés d'un bêche, je me démenais tant bien que mal pour creuser une fente (esprits mal placés, dehors! ), y placer un piquet, et l'enfoncer au marteau tandis que Marge damait le tout tant bien que mal. Je me suis explosé la main au marteau. Clairement, gros bobo. C'est con de louper son coup, hein? Aïe.
Au final, on a pris un bon coup de soleil aussi. Le long de ma parcelle, on a tendu une bande de chantier: le voisin va se rendre compte que le passage qu'il estimait pour sa voiture est encore moins important qu'il l'imaginait. Mais que voulez-vous, on va pas lui donner un bout de chez nous non plus !
A côté de chez moi va se bâtir une maison en bois. La dalle est déjà coulée, et on a pu rencontrer nos futurs voisins un jour où nous pensions qu'ils allaient étaler la terre de leur maison extraite. Au contraire, ils ont demandé à un exploitant du coin de leur enlever... n'ont-ils pas remarqué que leur dalle est 40 cm au dessus du niveau de la terre et qu'au final, il vont devoir surement en faire rentrer??? J'en sais quelque chose, j'en ai commandé pour la fin du mois ! Et depuis, on arrête pas de les voir se pointer sur leur terrain alors que, je le rappelle, il n'y a rien dessus d'autre que la dalle qui sèche ! Une immense dalle, au demeurant.
Le voisin, plein de projets en tête, ne semble pas pour autant savoir s'organiser. Ainsi, ce week-end, il est venu trois fois:
le samedi, avec des potes, il a posé les fondations d'une future dalle pour un abri de jardin, alors que son terrain n'est pas encore nivelé ni fermé et sa maison toujours pas montée (même s'il est à peu près plat, il va bouger lors de la réalisation de son assainissement) un peu à l'arrache puisqu'il l'a fait sans même creuser un peu ! Ça m'a paru bizarre mais, bon, c'est chez lui.
Le dimanche, une première fois pour couper un arbre devant le terrain. Il l'avait dit, il le fait. Pas sûr que ça gênait mais au moins, il a occupé son temps.
Le dimanche une deuxième fois, il est passé, est allé voir la borne qui sépare nos deux terrains et est reparti. Ouep. Il envisage de monter un garage là bas. Quand je l'ai vu rouler en Laguna dans l'herbe, j'ai été content pour lui qu'il n'ait pas plu depuis quelques temps...
Enfin, nous avions vaguement discuté de clôturer une partie en commun pour limiter les frais mais, alors qu'il me propose de partager pour ça, il n'a pas répondu quand je lui ai dit que le piquet telecom auquel il va se raccorder sans frais, c'est moi qui l'ai payé... entièrement !
Lors de notre dernière conversation, donc, au sujet du grillage, il m'a dit avoir calculé qu'il en aurait pour 1300 euros, grillage noir. J'aime bien l'idée du noir, c'est original mais, déjà, on en trouve où? Et ensuite, moi, avec mon grillage vert, j'en aurais eu pour moitié moins cher. Ça cloche où?
Et hier, j'ai changé. J'espère que les gens ne seront pas perturbés, ce n'est toujours pas ma tête même si certains trouvent que le bonhomme qui me sert désormais d'avatar me ressemble un peu.
Alors que mon entreprise propose encore un restaurant collectif, j'aime me retrouver seul pour déjeuner. Ça fait quelques années, depuis ce moment où j'ai découvert que le coût des repas devenait lourd dans mon budget, au regard d'une qualité qui ne me satisfaisait pas. Alors j'ai décidé de ne plus me rendre là-bas, largement aidé par la proximité de mon logement où je rentrais, du coup, tous les midis. Je m'installais devant une série, en mangeant, et une heure plus tard je retournais bosser. De son côté, Marge emportait une gamelle et profitait des salles dédiées au repas dans ses différentes entreprises pour réchauffer son plat.
Depuis quelque temps, je prépare aussi ma gamelle. La maison est trop loin du boulot pour que l'aller-retour en vaille la peine. Du coup, le midi, je m'isole dans ma voiture, je mange un plat froid (parfois chaud, grâce à une gamelle chauffante) car mon entreprise ne met pas de micro-onde à disposition. Seul, dans ma voiture, à manger et à regarder ma traditionnelle série embarquée sur mon téléphone. L'écran est petit mais ne nuit pas à la qualité du programme...
On pourrait me prendre en pitié, mais en fait, j'aime ça.
C'est un moment où je me retrouve tranquille.
C'est une coupure où je me détend.
Dans plusieurs mois, mon entreprise disposera d'une salle de restauration commune, où seront mis à disposition des micro-ondes. J'irai. Réchauffer mon plat. Puis, je descendrais surement dans ma voiture regarder un épisode. Pour être seul, pour être bien. Parce que j'aime ça. C'est mon moment à moi...
